Perturbateurs endocriniens : votre santé et celle de vos enfants!
Depuis de nombreuses années, les scientifiques expriment leurs préoccupations concernant les conséquences sur le long terme de l’exposition de l’homme et des animaux à des substances présentes dans l’environnement qui pourraient interagir avec le système endocrinien, c’est à dire les organes qui sécrètent des hormones (tels que les ovaires, les testicules, la thyroïde etc.).
Ces substances, à l’origine de perturbations du bon fonctionnement de l’organisme, sont communément désignées sous le terme de « perturbateurs endocriniens ».
Quels sont les principaux perturbateurs endocriniens ?
Ces substances sont retrouvées partout, dans l’eau, l’air, les sols et l’alimentation.
L’exposition peut se faire via différents modes :
ingestion, inhalation, absorption, transfert à travers le placenta…
- Les hormones naturelles et les hormones de synthèse
Les phyto-œstrogènes sont présents dans certaines plantes telles que le germe de luzerne, le soja, le pois chiche, ou encore le froment.
Facilement éliminables par l’organisme, on peut s’interroger sur les risques liés à une trop grande consommation d’aliments contenant ces substances.
Les hormones de synthèse telles que les contraceptifs oraux ou les traitements hormonaux de substitution…
- Les substances dites « anthropiques » ou liées à l’activité humaine
Ce sont certaines substances chimiques utilisées dans l’industrie (produits d’entretien), l’agriculture (pesticides), ou présentes dans des produits de consommation
Les pesticides :
En France, 90 % des eaux de surface et 60 % des nappes phréatiques contiennent des pesticides.
Les Phtalates :
utilisés dans la fabrication des matières plastiques ou contenus dans les cosmétiques.
Le Bisphenol A :
contenu dans les plastiques alimentaires, notamment les tétines des biberons.
L’Alkyl Phénol :
contenu dans les détergents.
Les Parabens :
utilisés comme conservateurs dans les cosmétiques. Et de nombreuses autres substances chimiques utilisées dans l’industrie (Dioxines, Polychlorobiphényles…)
Enjeux et Modes d’action des perturbateurs endocriniens
Selon la définition de l’OMS,
« les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques d’origine naturelle ou artificielle étrangères à l’organisme qui peuvent interférer avec le fonctionnement des systèmes endocriniens et induire ainsi des effets délétères sur cet organisme ou sur ses descendants».
Il faut comprendre que le système endocrinien est un système complexe composé de nombreux organes :
pancréas, surrénales, testicules, ovaires, thyroïde… chargés de sécréter des hormones diffusées dans l’organisme par le sang, assurant le bon fonctionnement de l’organisme.
Ainsi, les perturbateurs endocriniens vont agir :
• soit indirectement en modifiant la production, l’action et l’élimination des hormones naturelles.
• soit directement par une action sur les récepteurs cellulaires.
Grâce à leurs propriétés lipophiles (qui ont une affinité pour les tissus gras), on les retrouve dans quasiment tous les tissus, le sang, le tissu adipeux, le lait maternel, le liquide amniotique, les urines…
80 à 90 % des substances toxiques passent dans le lait maternel réalisant chez le nouveau-né une absorption 10 fois plus élevée que chez l’adulte.
Le problème est le suivant :
ces perturbateurs sont des polluants persistants, qui s’accumulent et contaminent faiblement mais de manière permanente.
L’association de différentes substances polluantes peut constituer à terme un véritable effet cocktail.
Si les effets produits sont dépendants des doses de ces substances, ils sont influencés par la période d’exposition (attention pendant la gestation et l’enfance, stades de développement où l’individu est plus vulnérable) et la durée d’exposition.
Une véritable alerte sanitaire :
en effet, nous pouvons dire aujourd’hui que les perturbateurs endocriniens représentent une véritable bombe à retardement, dont les effets vont se manifester à l’âge adulte et se transmettre d’une génération à l’autre (anomalies de l’expression des gènes).
Effets des perturbateurs endocriniens
Si la relation entre les perturbateurs endocriniens et les pathologies humaines reste encore difficile et longue à prouver, d’autant plus que les maladies ont souvent des causes multifactorielles (facteurs génétiques et facteurs comportementaux individuels liés au mode de vie comme alimentation, stress, tabac, alcool, activité physique…), les risques liés à cette contamination sont suffisamment importants pour faire de ce problème un réel enjeu de santé.
Perturbateurs endocriniens : Comment réduire les risques au quotidien ?
- Dans l’alimentation :
pour éviter les pesticides, lavez et retirez la peau des fruits et légumes. Achetez des produits frais et bio de préférence, en évitant les produits industriels au maximum.
- Dans les plastiques :
le Bisphénol A est un perturbateur endocrinien contenu dans de nombreuses matières plastiques, interdit en France dans tous les contenants alimentaires. Soyez prudents, et préférez toujours le verre pour conserver, chauffer et consommer vos aliments.
- Dans les cosmétiques :
Ils contiennent de nombreux produits chimiques (parabène, triclosan…) dont on ne connaît pas encore assez les effets sur la santé. Il est important de s’interroger véritablement sur la nécessité de certains produits cosmétiques dans notre quotidien. Simplifiez-vous la vie et essayez le naturel.
- Dans les produits ménagers :
souvent composés de perturbateurs endocriniens, évitez au maximum les produits chimiques trop élaborés, et allez au plus simple et au plus naturel.
Le vinaigre blanc, le savon noir ou le savon de Marseille sont des nettoyants très efficaces et sans danger.
S’il est impossible d’éviter complètement l’exposition à tous ces perturbateurs endocriniens, une meilleure connaissance de ces substances et de leurs effets, associée à des habitudes simples permettront au moins de prévenir et de réduire certains effets.
Dans l’avenir, nous vous laissons imaginer ce que les études d’aujourd’hui, nous révèleront quant aux conséquences sur notre santé et celles de nos enfants, de toutes ces substances de notre quotidien.
Kuo CH et al. (2012). Immunomodulatory effects of environmental endocrine disrupting chemicals. Kaohsiung J Med Sci. Roncati L et al. (2016). Negative Role of the Environmental Endocrine Disruptors in the Human Neurodevelopment. Front Neurol.