Et si vous méditiez sur vos acouphènes ?
"Entre évidences et doutes scientifiques, de belles pistes d’amélioration"
Acouphènes: Un bruit ? Un agresseur ? Un stress ?
Si l'acouphène est avant tout un symptôme auditif, autant les patients que les cliniciens, et les modèles expliquant cette pathologie, relient l'apparition et le maintien de l'acouphène au stress.
Environ un quart des patients souffrant d’acouphènes considèrent le stress comme la raison principale de leur acouphène.
De même, de nombreux cliniciens relatent l'apparition et l'entretien des acouphènes non seulement aux mécanismes de l’oreille interne, mais aussi au stress.
Malgré la suggestion d'un lien entre le stress et les acouphènes, il existe peu de preuves scientifiques du lien causal entre stress et acouphènes.
Plusieurs problèmes sont discutés dans l'association de l'acouphène et du stress.
On sait que le stress peut être un facteur de risque prédisposant de l'acouphène.
Les patients souffrant d'acouphène ont indiqué plus de stress qu'un groupe sain et ont également rapporté des événements de vie plus fréquents et plus stressants.
Le stress semble également être un facteur important dans la transition de l'acouphène léger à sévère.
Deuxièmement, l'inadaptation cognitive aux situations stressantes pourrait favoriser l'apparition et l'entretien des acouphènes.
En d’autres termes, les patients souffrant d'acouphènes ont utilisé plus de stratégies d'adaptation inadaptées face au stress qu'un groupe témoin sain.
Le neuroticisme, connaissez-vous ce terme ?
Il traduit un trait de personnalité associé à des niveaux d'anxiété, de tristesse, d'embarras et de culpabilité, plus élevés et a également été identifié comme un facteur de risque pour la gravité de l'acouphène.
Enfin, les symptômes de l'acouphène eux-mêmes peuvent constituer un facteur de stress, ce qui entraîne une excitation physiologique générale plus élevée et une détresse psychologique.
Stress et acouphènes : et alors, quels effets sur le corps ?
Le stress est une réaction biologique normale et heureusement d’ailleurs.
Comme pour un réflexe, le système nerveux réagit en sécrétant des hormones qui dopent naturellement le corps pour pouvoir faire face aux situations stressantes et disposer des ressources énergétiques pour les surmonter.
Face à un stress aigu, c’est-à-dire à la suite d'une situation stressante, l’organisme a deux options, combattre ou fuir, et réagit biologiquement. Sa réponse, hors de tout contrôle volontaire, commandée par le Système Nerveux Autonome, déclenche la production d'hormones destinées à apporter une réponse à court terme. :
- Activation de l’axe du stress
- Libération d’hormones du stress, les catécholamines, dont l’Adrénaline
- Forces mentales et physiques décuplées.
Face à un stress qui persiste, l'activation de l'organisme tend à perdurer.
Des hormones telles que le cortisol, la dopamine, la sérotonine, l'endorphine, sont sécrétées de manière chronique et deviennent néfastes pour l’organisme jusqu’à un état d’épuisement, plus adapté pour réagir face à l’environnement.
Les effets sur le corps et l’esprit :
Les effets du stress prolongé impactent directement notre corps et notre psychisme, des manifestations physiques apparaissent :
palpitations cardiaques, douleurs et tensions, fatigue, troubles du sommeil, dyspnée (difficultés à respirer), troubles digestifs...
Au niveau psychologique, des perturbations s’installent :
difficultés de concentration, troubles de la mémoire, rumination, anxiété, hyperémotivité, agitation, perte de confiance, inhibition…
Savoir lequel du stress ou des acouphènes est responsable importe peu. Si la solution pour les acouphènes tarde à être découverte, alors centrons-nous sur le stress pour soulager notre corps !
Et si méditer était une solution ?
Que dit la Science ?
Beaucoup de gens méditent pour réduire le stress psychologique et les problèmes de santé liés au stress.
Pour conseiller les gens de manière appropriée, les cliniciens travaillent sur la mise en évidence de preuves scientifiques des avantages pour la santé de la méditation.
Il faut être conscient que les programmes de méditation peuvent entraîner des réductions de petites à modérées sur de multiples dimensions négatives du stress psychologique.
D’autres études sont nécessaires pour déterminer les effets de la méditation sur l'amélioration des dimensions positives de la santé mentale et des comportements liés au stress.
Une chose est sûre: beaucoup de gens utilisent la méditation pour traiter le stress et les conditions liées au stress et pour promouvoir leur santé générale.
Les techniques de méditation sont multiples, y compris le type d'activité mentale promue ou le temps nécessaire pour renforcer positivement notre santé mentale et physique.
Les techniques méditatives mettent l'accent sur la conscience, la concentration ou encore la relaxation.
Une étude révèle que la méditation peut « transformer » notre cerveau en quelques semaines.
En d’autres termes, la méditation modifie directement certaines zones du cerveau qui sont en lien avec la mémoire, l’empathie et le stress, ou encore celles chargées de l’attention et de l’intégration émotionnelle.
Ces évidences scientifiques de changement cérébraux visibles grâce à des techniques d’imagerie cérébrale modernes, nous montrent ainsi que quand une personne médite, elle ne se sent pas seulement mieux car elle est détendue, mais aussi parce que la structure de son cerveau a modifié ses connexions neuronales de façon habile et véritable.
Alors quoi penser ?
Soulager une douleur chronique, une inflammation, reprendre le contrôle pendant une dépression, se détendre après le travail...
la méditation que l’on nommera, pleine conscience, a indéniablement des effets bénéfiques sur la santé.
Mais des limites aussi !
Cette pratique orientale très ancienne tend à trouver une place dans nos modes vie occidentaux, ou stress physique et mental mettent à mal notre énergie et notre vitalité.
La méthode se résume simplement :
- Porter son attention sur une seule chose, par exemple la respiration, les mouvements du ventre en inspirant et en expirant.
- Repérer et identifier les moments où l’esprit s’échappe.
- Prendre conscience de ces distractions pour les éliminer et rediriger l'attention vers l'objet initial.
Et si l’on transposait cette idée aux acouphènes.
Ainsi, il s’agirait de développer une attention ouverte et sans jugement sur nos pensées, notre corps, notre environnement, nos émotions et nos acouphènes, pour mieux s’en détacher.
La méditation serait cette habitude qui nous permettrait de vivre au présent, en laissant de côté, ici et maintenant, les pensées perturbatrices et parasites.
Au-delà d’un simple état de relaxation, la méditation permet d’avoir un plus grand contrôle sur nous-même, de comprendre et dépasser nos mots, nos pensées, et nos ressentis physiques.
Cet article n’entend pas enseigner les techniques pour méditer.
Mais, basé sur des évidences scientifiques, en relation avec les acouphènes, le stress, et l’intérêt de la méditation, il aura pour mérite d’aiguiser la curiosité de certains, pour continuer à chercher des réponses…
La méditation, associée à d’autres thérapies, toujours plus proche de la Nature et de l’Homme, sont, nous semble-t-il, des clés vers la guérison, l’équilibre et l’harmonie corporelle.
Bibliographie Betz LT et al. (2017). Stress Reactivity in Chronic Tinnitus. Sci Rep. Britta K. Hölzel et al. (2012). Mindfulness practice leads to increases in regional brain gray matter density. Frontiers in Human Neuroscience Madhav Goyal et al. (2014). Meditation Programs for Psychological Stress and Well-beingA Systematic Review and Meta-analysis. JAMA Intern Med.