Je suis fatigué(e) : que cache donc cette sensation désagréable ?
La fatigue est définie comme « un état physiologique consécutif à un effort prolongé, à un travail physique ou intellectuel intense et se traduisant par une difficulté à poursuivre cet effort ou cette tâche confiée».
Fatigue provient du latin fatigare : «fatiscere» signifiant se lasser et le suffixe «igare» semble indiquer pousser.
Le terme «fatigue» est un mot fourre-tout regroupant aussi les états asthéniques qui ne sont cependant pas synonymes.
En effet, l’asthénie est «un état de faiblesse générale caractérisé par une diminution de la capacité fonctionnelle de l’organisme, non consécutive au travail ou à l’effort et ne disparaissant pas avec le repos.»
Asthénie est un mot originaire du grec «astheneia» se traduisant par faiblesse, «sthenos» signifiant la force, le courage avec un alpha privatif devant, sans courage sans force.
La fatigue survient donc de manière naturelle après un effort pour signifier à l’organisme que le corps est en train de s’épuiser, qu’il faut lui laisser du repos pour se recharger et recommencer l’effort.
Tandis que l’asthénie survient de façon progressive et ne peut être effacée par le simple repos, la personne se sent épuisée avant d’avoir commencé.
Cette inaptitude peut prendre une forme physique, psychique ou sensorielle.
Quatre grandes catégories d’asthénies sont différenciées:
•L’asthénie somatique
•L’asthénie réactionnelle
•L’asthénie psychique
•Le syndrome de fatigue chronique
A ces quatre types peut se rajouter l’asthénie iatrogène, sous-catégorie de l’asthénie somatique.
La fatigue concerne 15% des hommes et 20% des femmes. Des études montrent une association du phénomène de fatigue à une pathologie psychiatrique de type anxiété, dépression.
L’asthénie somatique / organique
Cette forme d’asthénie s’observe en fin de journée et devient au fil des jours, récurrente ne s’améliorant pas avec le repos.
L’asthénie somatique résulte de pathologies en progression ou résiduelles.
Elle entraîne des évolutions au sein même de la cellule ayant pour conséquence des variations de disponibilité d’énergie par modification des quantités de glucose, d’acides aminés, d’acide gras.
On observe aussi des échanges respiratoires ralentis et de moins bonnes qualité, une surabondance des déchets présents au sein du muscle ou dans la circulation sanguine. Toutes ces variations accumulées sont responsables de l’asthénie observée chez le patient.
Exemples de pathologies pouvant s’accompagner d’une asthénie somatique :
- Des pathologies infectieuses :une grippe, une mononucléose infectieuse, un herpès, une tuberculose, un VIH, une hépatite, etc.
- Des pathologies cardiovasculaires: un trouble du rythme cardiaque,une insuffisance cardiaque etc.
- Des pathologies respiratoires: une insuffisance respiratoire,une apnée du sommeil etc.
- Des pathologies endocriniennes: un diabète, une hyper/hypothyroïdie, une hyperparathyroïdie, un hypergonadisme,un hypercorticisme, etc.
- Des pathologies hépato-digestives:un syndrome du côlon irritable, une cirrhose
- Des pathologies neurologiques:une sclérose en plaque, une maladie de Parkinson, une myasthénie
- Des cancers
L’asthénie somatique s’accompagne généralement de symptômes tels qu’une fièvre, une perte d’appétit, un amaigrissement, une dyspnée, une pâleur ou des sueurs nocturnes.
L’asthénie iatrogène, liée à une consommation médicamenteuse, est une forme d’asthénie somatique et se traduit par une diminution de la vigilance et une somnolence diurne.
Il existe bon nombre de médicaments dont les mentions «somnolence et/ou fatigue» font partie de la liste des effets secondaires: la classe des psychotropes par exemple.
Suivre un traitement susceptible de donner cet effet indésirable ne signifie pas que ces symptômes apparaîtront.
La diversité individuelle, la consommation d’alcool, de café,les autres traitements associés font une synergie et potentialisent l’effet secondaire et sont autant de facteurs à prendre en compte.
Les molécules susceptibles de provoquer une somnolence diurne sont représentées par un pictogramme sur leur emballage en carton afin de prévenir le patient notamment s’il envisage de conduire.
Des mécanismes particuliers sont responsables d’une somnolence diurne excessive: les agonistes des récepteurs GABA-A (ex les benzodiazépines), les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline(ex la duloxétine), les agonistes des récepteurs opioïdes (ex la morphine) les anti cholinergiques et plus précisément les antagonistes muscariniques (ex la scopolamine), les antagonistes des récepteurs histaminiques H1 (ex l’oxomémazine).
Lorsque ces effets secondaires deviennent gênants pour le patient, celui-ci peut modifier l’heure de prise, limiter les associations pouvant provoquer une synergie des effets ou consulter son médecin traitant afin de
changer de molécules.
L’asthénie réactionnelle / physiologique
L’asthénie réactionnelle est la forme d’asthénie la plus fréquemment rencontrée. Appelée aussi asthénie physiologique, elle se développe à la suite d’un environnement défavorable depuis un certain temps :
- Une mauvaise alimentation (non équilibrée,horaire décalé)
- Un régime
- Un manque de sommeil
- De mauvaises conditions de travail
- Un environnement familial perturbé
- Un stress, un surmenage.
Les changements importants de l’organisme peuvent aussi être une source d’asthénie physiologique :
la grossesse, l’accouchement,l’adolescence ou la ménopause.
Comme on peut le voir, le diagnostic d’asthénie réactionnelle est facile à poser, il ne nécessite pas d’examen complémentaire.
C’est un état d’asthénie aiguë dû aux conditions de vie du patient.
Les symptômes les plus fréquemment décrits accompagnant ce type d’asthénie peuvent aussi s’avérer être la source de celle-ci : un stress, une irritabilité, des difficultés de concentration, une lassitude de fin de journée.
L’asthénie psychique
L’asthénie psychique a une étiologie neurologique psychiatrique. Plus précisément, des troubles dépressifs,
névrotiques ou anxieux peuvent en être la source.
La symptomatique de l’asthénie psychique comporte une asthénie prédominante au lever.
Le sommeil n’est pas réparateur.
Au contraire, le repos aggrave la situation. Le patient ressent cette fatigue comme insurmontable et n’a
envie de rien.
A cela risque de s’ajouter des troubles de la concentration, de la mémoire, de l’humeur, de l’appétit.
L’épisode dépressif majeur
L’épisode dépressif majeur est la principale forme d’asthénie psychique.
L’association américaine de psychiatrie (American Psychiatric Association) définit l’épisode dépressif majeur par une persistance d’au minimum deux semaines d’au moins quatre de ces symptômes: une asthénie, une perte d’estime de soi, des troubles du sommeil, une prise ou une perte de poids importante, une agitation ou une réduction du système psychomoteur, des idées suicidaires, des difficultés de concentration. De plus, la symptomatologie décrit inévitablement soit la présence d’une humeur dépressive quasi quotidiennement soit un désintérêt pour toute tâche effectuée par la personne.
Les troubles anxieux
Les troubles anxieux sont une autre forme conduisant à une asthénie psychique.
L’OMS définit ces troubles par «le sentiment d’un danger imminent indéterminé s’accompagnant d’un état de malaise, d’agitation, de désarroi voire d’anéantissement.»
Les états anxieux peuvent se manifester par des troubles paniques, une phobie sociale, des troubles somatoformes comme l’hystérie.
L’asthénie présente dans ces pathologies est aussi fréquemment associée à des troubles du sommeil.
Présentation d’une forme de fatigue : Le syndrome de fatigue chronique.
Le syndrome de fatigue chronique peut être évoqué lorsque la fatigue est persistante depuis plus de six mois, survenant de manière brutale, sans explication.
Le patient constate une diminution de 50% de son activité. La fatigue n’est pas soulagée par le repos. Depuis 1992, l’OMS reconnaît ce syndrome comme une pathologie à part entière, chronique et handicapante.
Le médecin japonais Fukuda a mis au point en 1994 un tableau regroupant les critères permettant d’inclure ou non un patient en syndrome de fatigue chronique. La fatigue persistante est le premier symptôme auquel s’ajoutent au minimum quatre autres signes permettant de parler de syndrome de fatigue chronique:
Des céphalées
Des troubles du sommeil
Des difficultés à rester longtemps en position debout
Des douleurs musculaires
Des douleurs articulaires sans rougeur ni gonflement
Des maux de gorge
Une fatigue extrême se poursuivant plus de 24h après un effort physique
Des difficultés de concentration et/ou une diminution des capacités de mémorisation et/ou un trouble de l’humeur.
On ne peut parler de syndrome de fatigue chronique lorsque la cause de l’asthénie est
identifiable (e.g. une hyperthyroïdie non traitée, un cancer). Qui plus est, les patients connus pour présenter des pathologies psychiatriques telles
qu’un trouble bipolaire, une schizophrénie par exemple, sont exclus de ce type de diagnostic. L’obésité morbide
et les abus de substances que ce soit l’alcool, la nourriture ou les drogues sont également exclus.
Le médecin japonais Fukuda a mis au point en 1994 un tableau regroupant les critères permettant d’inclure ou non un patient en syndrome de fatigue chronique. La fatigue persistante est le premier symptôme auxquels s’ajoutent au minimum quatre autres signes permettant de parler de syndrome de fatigue chronique :
- Des céphalées
- Des troubles du sommeil
- Des difficultés à rester longtemps en position debout
- Des douleurs musculaires
- Des douleurs articulaires sans rougeur ni gonflement
- Des maux de gorge
- Une fatigue extrême se poursuivant plus de 24h après un effort physique
- Des difficultés de concentration et/ou une diminution des capacités de mémorisation et/ou un trouble de l’humeur.
On ne peut parler de syndrome de fatigue chronique lorsque la cause de l’asthénie est
identifiable (ex une hyperthyroïdie non traitée, un cancer). Qui plus est, les patients connus pour présenter des pathologies psychiatriques telles qu’un trouble bipolaire, une schizophrénie par exemple, sont exclus de ce type de diagnostic. L’obésité morbide et les abus de substances que ce soit l’alcool, la nourriture ou les drogues sont également exclus.
Pour évoquer le syndrome de fatigue chronique, il faut donc procéder par élimination. Il n’y a aucun test spécifique, bon nombre de pathologies présentent des symptômes semblables, le diagnostic est difficile à poser. Une panoplie d’examens est donc réalisée :
une NFS, une vitesse de sédimentation, une recherche d’inflammation avec le dosage de la protéine C réactive (CRP), une glycémie, un dosage des électrolytes, de la fonction rénale, hépatique,
thyroïdienne, une analyse urinaire, une recherche d’antigènes, d’hépatite, de VIH etc.
Il n’existe à l’heure actuelle aucun moyen de repérer le syndrome de fatigue chronique avant sa survenue.
L’âge des patients lors de la découverte du SFC se situe entre 29 et 35 ans.
Les femmes sont majoritairement plus atteintes par ce syndrome que les hommes.
Règles hygiéno-diététiques
- Le repos: Une courte sieste dans la journée est bénéfique.
- Le sommeil: La qualité du sommeil est primordiale. Une heure avant le coucher, le patient se met en condition pour optimiser son endormissement, il stoppe les activités sur écran, il évite le bruit (télévision, radio), il se couche tôt.
- La diététique:Le patient prend ses repas à heures régulières et de façon variée et équilibrée en mettant l’accent sur la consommation de fruits et légumes. Le dîner est léger et pris à distance du coucher afin de favoriser la digestion et donc la qualité du sommeil. La consommation d’un litre et demi d’eau par jour est bénéfique. Le patient évite la prise de café et autres substances excitantes passé 16 heures.
- Le tabac et l’alcool sont à limiter.
- Une activité physique régulière: 30 minutes par jour suffisent, le sport est cependant à éviter en fin de journée.