Impact des acouphènes sur la qualité de vie
Les acouphènes sont cliniquement hétérogènes dans leurs causes, leurs caractéristiques de perception, et les symptômes collatéraux.
Bon nombre de patients atteints d’acouphènes se plaignent de frustration, d’agacement, d’irritabilité,
d’anxiété, de dépression, d’insomnie, ou encore de troubles de la concentration, de surdité et d’hyperacousie; ces symptômes sont très pertinents pour déterminer la sévérité des acouphènes et évaluer l’altération de la qualité de vie.
Leur prise en charge permet d’ailleurs souvent d’avoir un effet bénéfique sur la perception de l’acouphène par le patient.
70% des patients acouphéniques consultant un médecin, souffrent de détresse émotionnelle plus ou moins grave. Le degré de gêne de l'acouphène est lié de façon significative aux symptômes dépressifs et anxieux (lorsque la gêne occasionnée est considérée comme modérée ou sévère). La prise en charge globale du patient semble considérablement améliorer ces deux paramètres.
En dehors des troubles anxio dépressifs, on sait que les acouphènes ont un impact négatif sur la structure du sommeil. L'insomnie est la plainte la plus importante des personnes invalidées par l'acouphène. En effet 50% à 60% des acouphéniques gênés décrivent des troubles du sommeil et 65% ont un enregistrement du sommeil perturbé avec au minimum une latence d’endormissement plus longue que
la normale.
Heureusement, même si le nombre de personnes atteintes d’acouphènes est important, seule une partie semble vivre mal avec ce symptôme. 43% d'entre eux rapportent que cette sensation auditive a un impact sur leur qualité de vie.
Les acouphènes, d’après une étude réalisée en Angleterre en 2008, sont décrits comme modérément gênants par 2,8% des sondés, gravement ennuyeux par1,6 %, et à un niveau qui affecte sévèrement la capacité à mener une vie normale chez 0,5% des sujets. Ces résultats sont retrouvés dans une étude américaine qui montre que même si près de 10 % de la population adulte souffre d’un acouphène chronique, moins de 5 % des patients trouveront la gêne suffisante pour justifier une consultation, et 1 % sera fortement handicapé par cet acouphène.
Le vécu des patients avec acouphènes n’est pas le même pour tous. Bien qu'au début, ils provoquent souvent une importante détresse, les acouphènes tendent à diminuer. Avec le temps, se met en place un processus de mise à distance naturel qui nous permet de vivre dans un environnement bruyant sans être gênés par les différents bruits qui le compose : c’est le principe d’habituation, décrit plus haut.
Ce n’est pas le son lui-même qui rend l’acouphène difficile à supporter mais l’émotion qu’on y associe.
Selon les sujets, leur état d'anxiété et de stress, ce processus prendra de plusieurs mois à plusieurs années d’où l’importance de la prise en charge des comorbidités anxio-dépressives, souvent facteurs de pérennisation du trouble.
Il existe à ce jour en France assez peu d’études, notamment épidémiologiques, concernant les acouphènes, même si l'on observe un regain d’intérêt pour cette pathologie ces dernières années un peu partout dans le monde.
20 ans en arrière, quand le mot « tinnitus » (acouphène en anglais) était intégré comme objet de recherche dans Pubmed, il existait 150 références alors qu’en 2016, ce chiffre est passé à 741, montrant une progression de 400%.
Cette évolution peut s’expliquer par l’augmentation linéaire de personnes souffrant d’acouphènes avec le vieillissement de la population ainsi que par l’exposition précoce aux bruits intenses (mp3, concerts, boîtes de nuit..) et par le coût que ceux-ci engendrent pour la société. Une étude aux Pays-Bas de 2013 a estimé à 6,8 milliards le coût sociétal dont 1,9 milliards d’euros lié aux soins de santé. Ceci s’explique essentiellement par la multiplicité des consultations, les traitements médicamenteux entrepris, les imageries réalisées, souvent à tort et les arrêts de travail éventuels.
Les acouphènes peuvent avoir de nombreux effets sur la vie d'une personne. Bien que deux personnes ne puissent pas se plaindre du même problème, les principales catégories d’impact sont les difficultés de concentration, les réactions émotionnelles et les troubles du sommeil . Habituellement, les effets des acouphènes incluent des réactions émotionnelles. Par exemple, une difficulté de concentration peut être source de frustration et de colère.
Les gens sont différents dans leur capacité à ignorer certains sons. Par exemple, certains étudiants aiment étudier avec la télévision tandis que d'autres ont besoin de silence. De même, les gens sont différents dans la manière dont ils ignorent les acouphènes. Pour certains, il est facile de l'ignorer, alors que pour d'autres, c'est un son qui distrait. Lorsque les acouphènes vous distraient, cela peut affecter toutes les tâches qui nécessitent de la concentration, telles que lire, écrire, étudier, apprendre ou résoudre des problèmes.
Les acouphènes n'altèrent pas directement notre capacité à entendre. Cependant, cela peut affecter indirectement notre audition si cela touche notre concentration. Cela peut interférer avec une concentration optimale et une capacité d'écoute.. Pour cette raison, les acouphènes peuvent affecter notre capacité à communiquer avec les autres.
Réaction émotionnelle
Au début, le son d'une alarme de voiture est gênant. Si le son persiste, cela peut devenir agaçant. Ce type de cycle peut se produire avec les acouphènes. Les réactions émotionnelles peuvent inclure la frustration, l'inquiétude et la colère. Certaines personnes signalent une anxiété ou une dépression à cause d'acouphènes. Comme mentionné ci-dessus, les effets des acouphènes incluent généralement des réactions émotionnelles. Pour cette raison, la gestion des acouphènes devrait être axée sur la gestion des réactions aux acouphènes.
Sommeil perturbé
Les personnes souffrant d' acouphènes ont souvent des problèmes de sommeil. Le contraste entre les acouphènes et une pièce calme attire l'attention; quand vous allez vous coucher la nuit, vous êtes généralement dans une pièce calme. Cette atmosphère peut amplifier les acouphènes. Être conscient des acouphènes peut perturber l'endormissement. Il peut également être difficile de se rendormir si vous vous réveillez au milieu de la nuit. Si les acouphènes perturbent le sommeil chaque nuit, vous risquez de devenir insomniaque . Cela peut altérer profondément vos activités quotidiennes.
Le sommeil étant un cycle de 24 heures, les activités que nous effectuons pendant la journée affecteront le sommeil de la nuit. Une nuit de sommeil normale comporte plusieurs étapes, du sommeil léger au sommeil profond, et comprend plusieurs réveils; le premier réveil survient généralement après quelques heures de sommeil. En vieillissant, votre sommeil est moins profond et vos réveils plus nombreux. Le sommeil devient plus léger et plus fragmenté et on a tendance à faire une sieste pendant la journée. Lorsque vous additionnez tout votre sommeil, la plupart des gens dorment environ sept ou huit heures, mais la durée normale du sommeil varie énormément.
Les réveils naturels sont généralement oubliés dès le matin, mais si vous vous inquiétez de vos acouphènes, ils dureront beaucoup plus longtemps et se rappelleront à vous. Il semble très probable que les acouphènes ne réveillent pas vraiment les gens, mais bien sûr, il peut s'agir de la première chose que vous remarquerez lorsqu'un réveil naturel se produit.
En fait, beaucoup de personnes souffrant d'acouphènes dorment bien et voient le sommeil comme une évasion bénéfique des acouphènes. Ceux qui dorment bien ne semblent pas avoir d’acouphènes différents de ceux qui ont du mal à dormir. Mais ceux qui dorment mal s’inquiètent plus la nuit que les acouphéniques qui dorment bien. Les croyances et les inquiétudes que vous entretenez sur la quantité de sommeil, sur les effets du non-sommeil ou sur les acouphènes en général ont davantage d'influence sur les problèmes de sommeil que le son des acouphènes.
Une étude de l'Université de l'Illinois a révélé non seulement que ceux qui souffrent d'acouphènes traitent leurs sons émotionnels différemment de ceux qui ne souffrent pas d'acouphènes, mais également que, chez ceux qui souffrent d'acouphènes, les régions du cerveau utilisées diffèrent considérablement dans le traitement des émotions.
Les acouphènes traduisent généralement le symptôme d'un autre problème de santé sous-jacent ou le résultat d'un traumatisme tel que l'exposition à un bruit intense ou à des médicaments ototoxiques . Fondamentalement, l’acouphène est la perception d’un son tel que la sonnerie ou le bourdonnement d’une ou des deux oreilles en l’absence de son. Et cette perception du son signifie que le cerveau est un acteur clé dans la présence et la gravité des acouphènes.
Étant donné que les acouphènes peuvent se manifester de nombreuses façons différentes, l'expérience de chaque patient est unique. Alors que certains ne sont pas gênés par leurs acouphènes, d'autres souffrent d'une réduction de la qualité de vie, notamment de dépression, d'anxiété, de troubles du sommeil, d'irritabilité et même de pensées suicidaires.